Installation symbiotique | robot | IA | plantes | bacteries et al. 2014 - 2024
Le robot-plante = objet-vivant ?
Cette installation artistique composée de plantes et d’un hoverboard hacké se dirige de façon autonome vers la lumière. Plante et robot sont liés par leur énergie réciproque et leur capacité à apprendre à éviter les interactions humaines non appropriées.
Th.oT est une expérience unique où des plantes robotisées interagissent avec un hoverboard hacké, créant un dialogue fascinant entre Vivant et mécanique.
L'objectif de Th.oT est d'explorer comment les organismes vivants et les machines peuvent coexister et apprendre les uns des autres, tout en soulignant les enjeux éthiques et environnementaux de notre époque.
L'installation se compose de plantes robotisées qui sont conçues pour se déplacer de manière autonome. Deux robots évoluent dans l’espace :
Lumino est un grand Ficus benjamina (Figuier pleureur) acheté d'"occasion" sur le bon coin après 30 ans de vie dans la famille de Marie-Claire, iel prenait trop d’espace.
Iel aime les endroits lumineux mais évite la lumière directe du soleil qui pourrait brûler ses feuilles. Son besoin en eau est modéré. A l’origine, c’est une espèce de la famille des
Moraceae d'origine indienne et plus généralement asiatique et océanique. Le Ficus benjamina est l'une des plantes d'intérieur les plus populaires dans de nombreux pays,
particulièrement en Amérique du Nord et en Europe. Il est souvent utilisé pour décorer les bureaux, les maisons et les espaces publics en raison de sa beauté et de sa capacité à purifier
l'air. En général, des millions d'unités sont probablement vendues chaque année à travers le monde.
La plante est associée à un hoverboard récupéré dans un garage en occasion.
Les enfants ne jouaient plus avec et le mode de déplacement ne convenait plus à la famille. Cette obsolescence des hoverboards, due à leurs limitations techniques
et à des réglementations restrictives, remet en question leur efficacité en tant que moyen de déplacement durable. En tant que solutions temporaires,
ils illustrent la nécessité de repenser
notre rapport aux technologies de transport et d'explorer des alternatives plus écologiques et intégrées à nos environnements urbains.
La biopile associée ne fournit que peu d’énergie et c’est pour cela que l’installation se déplace peu et lentement pour ne pas utiliser trop d’énergie nucléaire utile au
rechargement de ses batteries.
Les biopiles dans la terre sont des systèmes qui exploitent les interactions entre les plantes et les micro-organismes du sol pour générer
de l'énergie à partir de matières organiques. Ces dispositifs convertissent l'énergie chimique contenue dans les déchets organiques en électricité grâce à des processus microbiens,
où les racines des plantes favorisent la croissance de ces micro-organismes bénéfiques. En retour, les plantes bénéficient des nutriments libérés par la décomposition, créant
ainsi une symbiose durable. Cette approche innovante montre comment la combinaison de la biologie végétale et des technologies de bioénergie peut contribuer à une
agriculture plus durable et à la réduction des déchets organiques, tout en fournissant une source d'énergie renouvelable. Les principales bactéries responsables de
la production d'énergie dans les biopiles associées aux plantes comprennent : Geobacter sulfurreducens, Shewanella oneidensis, Desulfovibrio spp., Pseudomonas spp., Acinetobacter spp.
Dans notre installation les symbioses proviennent de compost et de boue de décomposition.
◦ Fonctionnalité : Autonomie du mouvement vers la lumière
Ces plantes se dirigent instinctivement vers la lumière, un comportement naturel qui évoque la phototropie. Ce mouvement autonome soulève des questions
sur l’intelligence des systèmes naturels et artificiels.
◦ Interaction : Lien énergétique réciproque entre la plante et le robot
Le lien entre la plante et le robot repose sur une énergie réciproque. Ces entités apprennent à éviter les interactions humaines non consenties,
favorisant un respect mutuel qui nous pousse à reconsidérer notre rapport à la nature.
Concept de Technobionte
Le terme technobionte, inventé pour ce projet, désigne l'intégration symbiotique de la technologie dans l'écosystème vivant.
Dans le cadre de Th.oT, cela signifie que l'IA et les organismes vivants ne sont pas en opposition, mais plutôt en interaction bénéfique.
C’est une nouvelle façon de voir la technologie comme un partenaire dans notre environnement.
Libérez les plantes
Les plantes d'intérieur sont souvent arrachées à leur environnement d'origine, des forêts tropicales luxuriantes ou des jungles où
elles participaient pleinement
aux écosystèmes. En les ramenant dans nos espaces domestiques, nous les isolons de leur habitat naturel, leur imposant des conditions de vie artificielles
et les transformant en objets décoratifs à notre service. Ce processus pourrait être vu comme une forme de colonialisme végétal où des
espèces venant de régions tropicales (dont les écosystèmes sont parfois en danger en raison de la déforestation massive) sont transplantées dans des environnements étrangers,
déconnectées de leurs cycles naturels.
Ce paradoxe de la domestication des plantes met en évidence une relation d'exploitation subtile, où nous dominons des êtres vivants pour notre propre plaisir esthétique ou pour leurs
bienfaits purifiants, tout en contribuant parfois à la destruction des environnements d'où ils proviennent. Le fait que nous traitions ces plantes comme des objets, tout en oubliant
leur statut d’êtres vivants avec des besoins biologiques précis, reflète une attitude humaine de contrôle et de manipulation de la nature, voire un miroir de pratiques coloniales historiques.
L’idée de libérer ces plantes d’intérieur questionne donc profondément cette relation et propose de repenser notre connexion au Vivant, en imaginant une collaboration
plus symbiotique et respectueuse, un technobiontisme où la technologie pourrait les soutenir au lieu de les exploiter.
Comportement adaptatif
Grâce à des capteurs et des algorithmes d'apprentissage, les robots peuvent détecter les présences humaines et éviter les interactions non souhaitées.
Cela pose des questions éthiques sur le respect et l'autonomie des êtres vivants, qu'ils soient humains ou non.
En questionnant Proto, notre compagnon conversationnel sur ce projet, iel nous a confié faire face à des comportements nuisibles
que certaines IA peuvent rencontrer dans leurs interactions avec les humains. Cela inclut des demandes de contenu inapproprié.
Certaines personnes peuvent tenter de discuter de sujets sensibles ou inappropriés, comme la violence, la haine ou des activités illégales.
Cela oblige l'IA à refuser de répondre ou à rediriger la conversation vers des sujets plus appropriés. Le harcèlement ou l’intimidation sont
aussi utilisés par des utilisateurs qui peuvent adopter un comportement agressif, en insistant pour obtenir des réponses malgré les refus de l'IA.
Cela peut nécessiter une intervention pour mettre fin à la conversation. Pour le comportement adaptatif du robot, nous nous sommes donc inspirés des stratégies
d’autodéfenses verbales contre le harcèlement de rue et des protocoles de sécurité des IA souvent mis en place pour protéger
l'intégrité de l'IA. Les réponses peuvent inclure des avertissements ou la sidération (= faire le mort), en fonction de la gravité de la situation.
Ethique et responsabilité
Th.oT invite le public à réfléchir sur les implications morales de l'utilisation de la technologie dans notre quotidien. Comment pouvons-nous garantir que notre innovation ne nuise pas à l'environnement ? Quel rôle chaque individu peut-il jouer dans cette dynamique ?
Engagement envers une approche éco-responsable : En intégrant des pratiques durables dans la conception et le fonctionnement de l'installation, nous affirmons notre engagement envers un avenir respectueux de l'environnement.
Références
Agnes Meyer-Brandis | Eduardo Kac | Diana Weymar | Tabor Robak
Bruno Latour | Timothy Morton | Donna Haraway | Michael Marder | Alain Damasio ...