Le jardin classique est un enclos et un paradis fantasmé à la fois. Il représente un espace de nature domestiquée, protégée, utile. Il délimite une partie du non-humain qui nous entoure et dont nous connaissons si peu de choses. A contrario, je souhaite présenter un autre jardin. En s’inspirant du jardin en mouvement de Gilles Clément, je veux montrer le vivant tel qu’il est, non statique, non contraint, diversifié et imprévisible. Ce jardin s’inspire de la friche, c’est un espace de vie laissé au libre développement des espèces qui s’y installent. Les énergies se mêlent : croissances, luttes, déplacements, échanges sans rencontrer les obstacles ordinairement dressés pour contraindre le vivant à la géométrie, à la propreté ou au principe culturel de l’espace.
Ceci peut être déroutant, inattendu mais vise à ne plus considérer la nature comme un élément étranger ou économique. Face au désastre écologique, penser l’anti fin du monde impose de changer de modèle économique, culturel … et de revoir nos liens à notre milieu.
Si la liberté des autres étend la mienne à l’infini, tendre vers la liberté nécessite de considérer la liberté non-humaine.
crédit photo Raphael Bergère